La consommation de cocaïne en Wallonie
- Anne Laffut
- 5 févr.
- 3 min de lecture

Question écrite du 05/02/2025
de LAFFUT Anne
à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
Un rapport de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) révélait récemment que 1,1 million de Français déclaraient avoir consommé de la cocaïne durant l'année 2023, soit deux fois plus qu'en 2017, et que c'était chez les jeunes entre 15 et 34 ans que cette consommation avait le plus augmenté.
Le tableau dressé par l'OFDT ne se limitait pas à ce seul constat. Il établissait que :
- le trafic et l'usage de la cocaïne ne se limitent plus aux seules grandes villes, mais s'étendent à l'ensemble du territoire ;
- tous les milieux professionnels sont désormais touchés ;
- les modes de consommation ne se limitent plus à la seule poudre sniffée : l'usage du crack est en nette augmentation ;
- les modes d'approvisionnement adoptent des codes du marketing (livraison à domicile, fidélisation des clients, test gratuit…) et s'adaptent à la demande (une part importante des consommateurs ne s'alimentent plus en cocaïne sur le marché physique) ;
- la perception de la dangerosité de la cocaïne diminue : 39 % des personnes interrogées considérant par exemple que consommer de la cocaïne « peut être un choix de vie, permettant de faire face au quotidien, en donnant confiance en soi » selon l'idée de plus en plus répandue que la cocaïne n'est dangereuse qu'à partir d'une consommation régulière alors que les faits prouvent le contraire, d'autant qu'à l'inverse de l'héroïne, de la morphine ou des antidouleurs de synthèse tels que le fentanyl, aucun traitement de substitution n'existe pour les stimulants, à l'image du crack ou de la cocaïne.
Existe-t-il un rapport similaire sur la consommation de cocaïne en Wallonie ?
Le cas échéant, pouvons-nous en disposer ?
Des mesures spécifiques sont-elles mises en place pour sensibiliser le public aux dangers liés à la consommation de cocaïne et tenter d'enrayer le phénomène ?
Réponse du 24/02/2025
de COPPIETERS Yves
L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (European Monitor Center for Drugs and Drug Addiction, EMCDDA) s’appuie, pour remplir son mandat, sur la collaboration avec le réseau européen d’information (Reitox), composé de tous les observatoires nationaux des drogues.
Chacun de ces points focaux nationaux Reitox recueille des informations et produit des données comparables et scientifiquement fondées sur la situation nationale en matière de drogues. C’est Sciensano qui est chargé du point focal national pour la Belgique et Eurotox qui est le sous-point focal régional pour la Wallonie.
Ils jouent donc un rôle équivalent à l’OFDT (l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives) pour la Belgique.
Si on souhaite lire les rapports réalisés pour la Belgique, par Sciensano et Eurotox, on les trouvera sur leurs sites web.
À ce titre, on trouvera ainsi un rapport sur l’usage de drogues en Wallonie en français sur le site internet d’Eurotox. Le dernier tableau de bord de l’usage de drogues et ses conséquences sociosanitaires en Wallonie publié par Eurotox date de 2022. C’est un rapport qui balaye entre autres le cadre international et fédéral et décrit le contexte wallon, l’usage de drogues et les déterminants de la santé, les sources de données épidémiologiques, l’état des lieux des usages avec et sans produit, les conséquences sanitaires et sociales de l’usage de drogues.
Sciensano est chargé d’analyser l’Indicateur de la demande de traitement (TDI). L’analyse des données pour 2023 montre ainsi qu’en Wallonie 30 % des nouvelles demandes de traitement concernent la cocaïne, 15 % des demandes concernent plus précisément le crack.
En 2022, Sciensano a réalisé une étude sur la consommation des drogues en Belgique par questionnaire, qui a mis en évidence que la plupart des consommateurs de cocaïne qui ont répondu à l’enquête consomment cette drogue sur base mensuelle à hauteur de 69 % des répondants, 3 % en consommaient quotidiennement et 28 % en consommaient de façon hebdomadaire.
Concernant la sensibilisation, une campagne grand public par un affichage de masse ou une communication régulière sur les différents canaux de communication risquerait de banaliser la consommation de cocaïne. Cibler un produit en particulier peut s’avérer en effet contreproductif en attirant l’attention des consommateurs sur celui-ci.
Concernant les actions réalisées, des opérateurs en promotion de la santé ont été agréés pour cinq ans (2023-2027) sur la base d’une programmation. Les opérateurs de l’axe 2.1, Préventions des usages addictifs et réductions des risques ont des actions en lien avec cette thématique.
De plus, des services spécialisés en assuétudes sont agréés sur tout le territoire wallon de langue française. Ils sont subventionnés pour remplir au minimum les missions d’accueil et d’information des bénéficiaires ainsi qu’au moins une mission supplémentaire parmi les missions suivantes :
- l’accompagnement psychosocial ;
- la prise en charge psychothérapeutique et médicale ;
- les soins ;
- la réduction des risques.
C’est donc par un ensemble d’actions qui vont de la prévention à la prise en charge, en passant par la réduction des risques que nous nous attaquions à la problématique de la cocaïne sur notre territoire. Ce faisant nous mettons en œuvre à notre niveau la stratégie interfédérale en matière de drogues 2024-2025.
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