La situation de l’agriculture biologique en Wallonie
- Anne Laffut
- 20 juin
- 3 min de lecture

Question écrite du 20/06/2025
de LAFFUT Anne
à DALCQ Anne-Catherine, Ministre de l'Agriculture et de la Ruralité
Pour la deuxième année consécutive, la Wallonie enregistre une baisse du nombre de fermes bio ainsi que de la superficie qui leur est consacrée, bien que toutes les filières ne soient pas impactées de manière uniforme.
Cette tendance traduit-elle, selon Mme la Ministre, une évolution des pratiques dans l'agriculture conventionnelle, qui intégrerait davantage de principes du bio sans pour autant revendiquer la certification ?
Quelle est la lecture de Mme la Ministre de cette évolution ?
Relève-t-elle d'un choix économique, réglementaire, ou d'un manque d'attractivité du label bio ? Cette dynamique est-elle spécifique à la Wallonie, ou s'inscrit-elle dans une tendance plus large au niveau belge ou européen ?
Enfin, Mme la Ministre estime-t-elle que des mesures sont nécessaires pour endiguer cette baisse du nombre de fermes bio et/ou soutenir et encourager la demande des consommateurs en produits biologiques ?
Réponse du 14/07/2025
de DALCQ Anne-Catherine
En effet, le rapport 2024 de Biowallonie confirme une tendance à la baisse : pour la deuxième année consécutive, la Wallonie enregistre une baisse du nombre de fermes en agriculture biologique, qui s’établit désormais à 1 988 exploitations, soit une diminution de 1,3 % par rapport à 2023. La superficie agricole sous contrôle biologique recule également légèrement (-1,9 %), atteignant 90 583 hectares, soit 12,3 % de la superficie agricole utile (SAU) wallonne.
Cette évolution s’explique par plusieurs facteurs :
• attractivité du label bio : Le label reste reconnu, mais il souffre d’une concurrence croissante de mentions alternatives qui captent une part de la demande ;
• évolution des pratiques agricoles : Certaines exploitations conventionnelles adoptent en effet des pratiques inspirées du bio, sans pour autant solliciter la certification. Cela traduit une volonté d’amélioration environnementale sans les contraintes administratives et économiques du label ;
• contraintes réglementaires : Certains producteurs évoquent par ailleurs une charge administrative ainsi que des contraintes réglementaires perçues comme rigides. Cela peut décourager des exploitants, en particulier dans un contexte économique incertain ;
• facteurs économiques : enfin, la rentabilité du bio a été fragilisée par la baisse de la demande observée en 2022-2023. L’inflation actuelle engendre également une augmentation des coûts de certification.
Toutefois, les données 2024 montrent un rebond de la consommation, avec une hausse des dépenses en produits bio et de la part de marché du bio en Wallonie. Ce signal positif pourrait annoncer une stabilisation, voire une relance du secteur.
Cette dynamique n’est pas propre à la Wallonie, plusieurs États membres de l’UE connaissent une stagnation, voire un recul du bio. D’autres sont encore en légère croissance. Voici quelques chiffres :
• France : diminution de 2 % de la surface agricole utilisée (SAU) en agriculture biologique en 2024, arrivant à 10% de SAU en agriculture biologique sur l’ensemble du territoire ;
• Allemagne : stagnation de la SAU en agriculture biologique autour de 12 % ;
• Pays-Bas : croissance très lente de la SAU en agriculture biologique, mais seulement 5 % SAU en bio au total.
Face à cette situation, plusieurs axes de travail sont déjà mis en œuvre ou à l’étude :
• sensibilisation et communication sur les bénéfices de l’agriculture biologique : L’APAQ-W mène des actions importantes de promotion de l’agriculture biologique auprès du grand public et des professionnels. Ces efforts doivent être poursuivis, en lien avec les objectifs du Plan Bio 2030. Un budget de 270 000 euros a été alloué à l’APAQ-W en ce sens en 2024 ;
• accompagner les producteurs : il est crucial de soutenir les agriculteurs en conversion ou confrontés à des difficultés, via des aides ciblées, un accompagnement technique renforcé, et une simplification des démarches administratives. Biowallonie est un acteur prépondérant dans ce stade ;
• réduire les coûts de certification : l’administration travaille également sur des pistes permettant de réduire les coûts de certification en agriculture biologique pour l’ensemble des opérateurs. Ce levier est essentiel pour maintenir l’engagement des acteurs en agriculture biologique actuels et encourager les futures conversions.
En parallèle, les aides à l’agriculture biologique dans le cadre du Plan stratégique wallon de la PAC ont permis de soutenir près de 87 000 hectares en 2024. Une revalorisation de 60 euros/ha a eu lieu en 2025, et une stabilisation des surfaces aidées est anticipée jusqu’en 2027.
Enfin, la Wallonie réaffirme son engagement en faveur du développement de l’agriculture biologique. Le plan Bio 2021-2025 fera prochainement l’objet d’une évaluation indépendante, dont les résultats sont attendus pour la fin de l’année. Cette évaluation est essentielle en vue de préparer au mieux la stratégie à déployer à l’horizon 2030.
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