Le projet de la Ville de Gand en soutien aux femmes exposées à un risque de grossesse non désirée
- Anne Laffut
- 8 juil.
- 3 min de lecture

Question écrite du 08/07/2025
de LAFFUT Anne
à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
La Ville de Gand, en collaboration avec plusieurs acteurs du monde médical local (pharmaciens et prestataires de soins), a lancé un projet pilote pour soutenir les femmes exposées à un risque de grossesse non désirée.
Proposée comme alternative possible aux 4 200 pilules du lendemain distribuées à Gand en 2024, la solution envisagée consiste dans le placement d'un stérilet d'urgence empêchant l'ovule de se nicher dans la paroi de l'utérus pour se développer.
Considéré par les porteurs du projet comme le contraceptif le plus fiable, ce dispositif présente l'avantage de pouvoir être mis en œuvre dans un délai de maximum 5 jours après le rapport à risque (contre 3 jours pour la pilule du lendemain). Il constitue également en un procédé plus « mécanique » de contraception par rapport à une pilule hormonale de moins en moins en vogue auprès des jeunes femmes.
M. le Ministre pense-t-il que pareil projet pilote pourrait-il voir le jour en Wallonie à l'initiative de la Région ?
Dans la négative, compte-t-il aborder ce point en CIM santé ?
Réponse du 14/07/2025
de COPPIETERS Yves
Il existe plusieurs manières de réagir très rapidement :
• pilule du lendemain : il existe deux pilules d’urgence :
• une pilule à prendre jusqu’à 72 heures (3 jours) après le rapport ;
• une pilule à prendre jusqu’à 120 heures (5 jours) après le rapport.
L’efficacité de la contraception d’urgence décroît avec le temps : plus elle est prise tard après le rapport sexuel à risque, plus elle perd en efficacité. Pour une efficacité maximale, le comprimé doit être avalé le plus rapidement possible, idéalement dans les 24h, après le rapport sexuel non ou mal protégé.
Cette pilule est gratuite en centres de planning familial et disponible en pharmacie sans prescription médicale pour toutes les personnes ayant un utérus, quel que soit leur âge.
Le taux d’échec est estimé entre 1 à 2 % selon le moment de la prise et le type de pilule.
• stérilet au cuivre (DIU d'urgence) : le DIU (le dispositif intra-utérin encore appelé stérilet) au cuivre est aussi une méthode de contraception d’urgence.
Le cuivre rend les spermatozoïdes inactifs et il agit aussi sur la paroi de l’endomètre empêchant l’implantation de l’ovocyte potentiellement fécondé. S’il est parmi les contraceptifs les plus sûrs, il est aussi la contraception d’urgence la plus efficace. Le DIU peut servir de contraception d’urgence jusqu’à 5 jours après un rapport sexuel à risque ou jusqu’au 12ème jour du cycle.
Il est également possible de prendre un rendez-vous d’urgence en centre de planning familial ou chez un médecin ou gynécologue familiarisé avec la pose de DIU pour un placement comme contraception d’urgence. Le DIU au cuivre est placé éventuellement après la prise d’antidouleurs.
Cependant, sa pose nécessite l’intervention d’un professionnel de santé, ce qui peut en limiter l’accessibilité immédiate.
Les contraceptifs d’urgence (comme la pilule du lendemain ou le stérilet au cuivre) sont des solutions efficaces, mais ponctuelles, utilisées après un rapport à risque. Ils ne s’attaquent ni aux causes, ni aux facteurs de vulnérabilité qui mènent à ces situations, comme :
• le manque d’information ;
• l’ignorance des méthodes de contraception régulière ;
• les pressions sociales ou relationnelles ;
• ou encore les rapports non consentis.
L’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), telle que promue en Wallonie dans les écoles et structures de jeunesse, a pour objectif de :
• renforcer l’autonomie des jeunes ;
• promouvoir une sexualité responsable et consentie ;
• favoriser la connaissance et l’usage approprié et anticipé des méthodes contraceptives.
Elle constitue donc un levier central pour éviter que la contraception d’urgence ne soit utilisée comme unique recours.
Les données montrent que les grossesses non planifiées touchent plus souvent les jeunes issus de milieux précaires, où l’accès à l’information et aux soins est parfois limité. Une approche préventive par l’EVRAS :
• réduit ces inégalités ;
• favorise l’accès universel à une contraception adaptée ;
• et diminue le recours systématique à des méthodes d'urgence.
Il semble dès lors essentiel de poursuivre les travaux menés dans ce cadre pour réduire le besoin de recourir aux dispositifs d’urgence.
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