Le nouveau dispositif de soutien limité à la médecine de première ligne
- Anne Laffut
- 20 juin
- 3 min de lecture

Question écrite du 20/06/2025
de LAFFUT Anne
à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
Un troisième dispositif de soutien, alimenté à hauteur de 1,2 million d'euros, est annoncé, visant à encourager les investissements dans les infrastructures (investissements immobiliers ou équipements médicaux et logistiques), en particulier auprès des maisons médicales agrées, afin d'attirer des praticiens dans les zones moins peuplées. C'est évidemment une bonne chose.
Dans la province de Luxembourg, la pénurie de soignants n'affecte pas uniquement la première ligne, au point que le besoin des généralistes, d'avoir accès à des spécialistes pour orienter leurs patients, est de moins en moins couvert, ce qui ne manque pas en retour d'avoir un effet néfaste sur l'attractivité de la région pour les généralistes mêmes.
M. le Ministre compte-t-il prendre, dans un avenir proche, des mesures destinées à soutenir l'installation de médecins spécialisés dans les zones moins peuplées de notre Région ?
Réponse du 15/07/2025
de COPPIETERS Yves
La province de Luxembourg dispose d’un vaste territoire le moins densément peuplé. Elle est, en outre, parcourue par de nombreuses zones rurales. L’accès à une médecine générale et spécialisée y représente un défi majeur.
En ce qui concerne la médecine de première ligne, la Wallonie soutient, via une prime, l’installation des médecins généralistes dans les communes qui sont reconnues en pénurie ou en pénurie sévère. Il s’agit de la prime Impulseo I.
Selon le dernier cadastre des médecins généralistes exerçant en Wallonie qui a été publié par l’AViQ en date du 24/01/2024, le nombre de communes se trouvant dans cette hypothèse de pénurie a légèrement diminué depuis 2016. Mais, cette diminution ne concerne pas certaines provinces comme la province de Luxembourg dans laquelle la situation reste difficile. Dans cette province, entre 2016 et 2022, le nombre de médecins généralistes a diminué et des médecins actifs ont réduit leur activité. 37 communes de la province de Luxembourg étaient en pénurie en 2016 et continuent à l’être en 2022.
Récemment, le Gouvernement wallon a validé en date du 02/06/2025 le lancement du troisième appel à projets dans le cadre de l’intervention 356 du Plan stratégique wallon de la PAC 2023-2027. Cette intervention vise à soutenir les investissements dans les infrastructures de santé que sont les Associations de santé intégrée (ASI) agréées, situées en zones rurale et semi-rurale, afin d’y attirer les praticiens. Le budget s’élève à 1,2 million d'euros, dont 750 000 euros sont à charge de la Wallonie.
Enfin des primes d’attractivité fédérales sont accordées pour les assistants en médecine générale qui prestent en zone de ruralité.
Concernant la médecine de deuxième ligne, la Wallonie ne dispose que de peu de compétences pour agir sur la pénurie de médecins spécialistes, notamment au sein des hôpitaux. En effet, la fixation des effectifs minimaux de personnel dans les hôpitaux et le financement des normes hospitalières d’encadrement relèvent de l’autorité fédérale. Par ailleurs, cette autorité est également compétente pour arrêter le nombre global de médecins pouvant pratiquer en Belgique, la Communauté française fixant, au niveau francophone, les sous-quotas dans les spécialisations en médecine.
Il convient par ailleurs de signaler que l’autorité fédérale intervient en partie pour couvrir les frais que les hôpitaux exposent pour le paiement des primes d’attractivité et de fin d’année (ou pécule de vacances) à leur personnel.
Concernant la pénurie de médecins urgentistes à laquelle sont confrontés certains hôpitaux. Je suis intervenu, dans le cadre de ma compétence d’édiction des normes d’agrément des hôpitaux, pour proposer une prolongation des dispositions transitoires figurant dans la réglementation, visant à permettre à des médecins spécialistes d’autres qualifications que la médecine d’urgence d’assurer des permanences aux urgences sous certaines conditions. Cette proposition est en cours d’adoption.
Relevons enfin que les hôpitaux actifs dans la province de Luxembourg sont gérés par un même pouvoir organisateur – Vivalia – qui a le projet de créer un nouvel hôpital à Houdemont à la fin de l’année 2030 : le futur CHR Vivalia – Cœur du Luxembourg. À terme, la province sera donc dotée de deux hôpitaux aigus : le nouvel hôpital Cœur de Luxembourg et l’hôpital de Marche qui existe déjà. Ce projet de construction a été inscrit dans le plan de construction des infrastructures hospitalières qui a été approuvé par le Gouvernement wallon. Vivalia signale sur son site internet avoir choisi le modèle du bi-site pour la province afin de maintenir un niveau d’activité suffisant et « de concentrer les moyens humains avec des équipes soignantes plus étoffées et donc plus attractives pour le corps médical et infirmier. » Pour assurer une médecine de proximité, Vivalia entend également mettre en place un réseau de proxy-cliniques dont il conviendra de préciser l’organisation et les activités définitives auprès de l’AViQ. Ce sujet fait l’objet de travaux entre l’AViQ et Vivalia, notamment en ce qui concerne l’organisation de la fonction de revalidation, la question de l’accessibilité étant centrale.
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