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La pénurie de moyens accordés à la prise en charge des personnes atteintes de troubles mentaux

  • Anne Laffut
  • 10 juin
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 août

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  • Question écrite du 10/06/2025
    • de LAFFUT Anne

    • à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale

    Le constat est alarmant : les places en unité psychiatrique se font de plus en plus rares alors que les besoins explosent au sein de la population. Depuis la pandémie de covid-19, ce constat ne fait que s'aggraver, au point d'atteindre aujourd'hui une situation de non-retour.


    Ce phénomène est accentué par la levée progressive du tabou de la santé mentale, de plus en plus de personnes n'hésitant plus à témoigner d'un malaise psychologique ou d'une maladie mentale, et revendiquant un accès à des soins et une prise en charge appropriée.


    Quels moyens M. le Ministre compte-t-il mettre en place pour répondre à cette pénurie, tant sur le terrain de la prise en charge et des soins, que sur celui, en amont, de la prévention ?


  • Réponse du 02/07/2025
    • de COPPIETERS Yves

    Je tiens tout d’abord à souligner qu’une partie de la question relève de la compétence fédérale. En effet, la programmation des lits hospitaliers, les normes minimales d’encadrement, ainsi que le financement de l’exploitation des hôpitaux relèvent du niveau fédéral, et non des Communautés ou des Régions.


    Cela étant dit, voici quelques éléments de contexte en lien avec les différentes interrogations. Depuis les années 1980, un moratoire est en place afin de limiter l’augmentation du nombre de lits d’hospitalisation. Toute extension ne peut donc se faire que par des reconversions internes de lits existants ou des transferts entre institutions, et ce, dans le respect strict de la programmation fédérale.


    La réforme de la psychiatrie amorcée en 1989 a marqué le début de la désinstitutionalisation, avec pour objectif de réduire le nombre de lits hospitaliers et la durée des séjours. La Belgique a alors développé des alternatives, comme les Maisons de soins psychiatriques (MSP) et les Initiatives d'habitations protégées (IHP), qui accueillent des patients chroniques stabilisés dans une optique de réinsertion et d’autonomie. Depuis la 6e réforme de l’État, ces structures relèvent des Régions.


    Pour compléter le manque de places dans les institutions subventionnées, certaines structures d’hébergement jouent un rôle de recours en accueillant des personnes en situation de difficultés prolongées.


    Actuellement, 14 services de ce type sont reconnus par l’AViQ, de manière provisoire ou pour six ans. Ces structures ont fait l’objet d’une évaluation conduisant à la nécessité de revoir leur cadre juridique pour davantage de contrôles : un avant-projet de décret est prêt à être présenté au Gouvernement tout prochainement.


    Par ailleurs, la réforme de la politique de santé mentale fédérale a impliqué, depuis 2010, le gel de lits psychiatriques avec pour objectif de diversifier l’offre de soins, et en particulier de déployer des équipes mobiles. L’évaluation récente souligne l’importance d’adapter les soins au cadre de vie du patient. La flexibilité et la coopération sont mises en avant comme atouts majeurs du système. Ces dernières années des investissements ont été réalisés pour renforcer les soins psychologiques de première ligne, les équipes de crise, de longue durée, les fonctions de liaison et les unités résidentielles de traitement intensif.


    Cette orientation vers des soins de proximité et une meilleure coordination entre acteurs trouve un écho dans les pratiques observées sur le terrain, puisqu’entre 2021 et 2023, l’AViQ a analysé les données de nombreux services de santé mentale (SSM) pour adultes en Wallonie.


    L’étude s’est penchée sur les professionnels ou services déjà consultés par les patients avant leur arrivée au SSM. Bien que les SSM puissent indiquer jusqu’à trois types de prises en charge antérieures, la plupart n’en mentionnent qu’une seule. Dans la moitié des cas, une aide antérieure a été rapportée, mais les hôpitaux psychiatriques ne sont cités que dans 9 % des situations.


    L’analyse montre aussi que la majorité des patients arrivent au SSM sur conseil de leur entourage (famille, proches) ou sur orientation de leur médecin généraliste, acteur principal des soins primaires.


    Ces résultats suggèrent que les hôpitaux psychiatriques jouent un rôle limité dans le parcours préalable des usagers en santé mentale. Le recours aux soins semble davantage orienté vers des solutions de proximité et ambulatoires, en cohérence avec les objectifs de désinstitutionalisation des soins psychiatriques.


    Bien que la programmation et le financement des lits psychiatriques relèvent des compétences du Fédéral, la santé mentale constitue une priorité majeure du Gouvernement wallon, comme affirmé dans la DPR, tout comme la prévention qui est au cœur de mon action en tant que ministre de la Santé.


    C’est pourquoi la Wallonie soutient activement de nombreuses actions de prévention en santé mentale.


    Les opérateurs agréés en Promotion de la santé et prévention interviennent dans divers secteurs, en outillant les bénéficiaires pour adopter des comportements favorables à leur santé, et en accompagnant les professionnels en contact avec des personnes confrontées à des difficultés psychiques.


    La Région agit également sur des comportements à risque souvent liés à une santé mentale fragilisée, comme la consommation d’alcool, de drogues, de tabac ou encore l’usage excessif des écrans.


    Elle soutient, via plusieurs appels à projets et initiatives, des actions ciblées, notamment auprès des jeunes, afin de prévenir l’apparition de troubles psychiques à l’âge adulte.


    La santé mentale est au cœur de mes priorités.


    En Wallonie, il est nécessaire de structurer une approche cohérente et intégrée, en identifiant les besoins de la population, en fixant des objectifs de santé clairs et en définissant les actions à mener, notamment à destination de publics cibles.


    C’est à cela que nous travaillons avec l’élaboration en cours d’un plan stratégique spécifique.

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