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Absentéisme durant la crise sanitaire

Question de Mme Anne Laffut Madame la Ministre, de nombreux parents refusent aujourd’hui de remettre leurs enfants à l’école, estimant que le risque sanitaire est trop élevé. Dans ce cas, une série de mesures sont prévues pour ramener les enfants à l’école. Ce sont d’abord le chef d’établissement ou les éducateurs qui tentent de convaincre les parents. Si ce travail de première ligne ne donne rien, les intervenants psychosociaux prennent la main pour trouver des solutions afin de ramener l’enfant à l’école. Si cette option CRIc No37-Educ.7 (2020-2021) ( 28 ) ne fonctionne pas, le dossier est transféré au secteur de l’aide à la jeunesse. Si, là encore, les parents ne font aucun effort pour scolariser leurs enfants, leur comportement est passible de poursuites judiciaires allant de l’amende à l’emprisonnement. Madame la Ministre, en réponse à la question d’actualité de ma collègue Jacqueline Galant lors de la séance plénière du 25 novembre dernier, vous aviez annoncé le nombre de 12 000 élèves absents. Nous pouvons dès lors nous demander combien sont en décrochage scolaire. Ce constat étant dressé, réactions et propositions sont nécessaires en vue de renouer la relation pédagogique avec ces élèves, dont on peut postuler qu’ils sont sans doute ceux qui en ont le plus besoin. Même s’il ne faut pas perdre de vue que le but ultime est de ramener et de garder le plus d’enfants possible dans les établissements scolaires, ne faudrait-il pas donner l’occasion à ces parents, qui jusqu’à présent respectaient l’obligation scolaire, de revenir vers l’école autrement que sous la contrainte et d’éviter ainsi les drames familiaux qu’on imagine? Nous pourrions leur permettre, par exemple, de faire l’école à domicile, ce qui est impossible à l’heure actuelle puisque la décision de ce type d’enseignement doit réglementairement se faire avant le 5 septembre. Serait-il possible également que d’autres structures puissent prendre le relais ou collaborer plus étroitement encore avec les écoles, comme les SAS qui disposent d’un personnel sensibilisé à ce type de réalité? Quelles propositions envisagez-vous pour ramener les élèves à l’école, quelle qu’en soit la forme? Réponse de Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation La lutte contre le décrochage fait l’objet d’un des chantiers du Pacte pour un enseignement d’excellence. Vos questions pointent à juste titre les phénomènes d’absentéisme et d’abandon scolaire. Vous mentionnez des situations très diversifiées où la relation entre parents et école peut être la clé et soulignez, parmi les intervenants possibles, les DIAS et les SAS. Fondamentalement, la question est encore plus complexe. Le décrochage commence bien souvent dans la classe, dans le cadre des apprentissages. Il peut prendre différentes formes, se matérialiser par un éloignement plus ou moins rapide de l’école et aller jusqu’à la rupture ou l’abandon scolaire. Actuellement, divers acteurs et services travaillent quotidiennement sur ces questions: les centres psycho-médico-sociaux (PMS), les équipes mobiles, les SAS ou encore les acteurs du secteur de l’aide de la jeunesse qui aujourd’hui collaborent dans les DIAS, à travers les concertations locales ou au niveau zonal. Pourtant, tous les élèves ne sont pas pris en charge et l’absentéisme reste problématique. Nous nous sommes d’ailleurs fixés, avec tous les acteurs de l’enseignement œuvrant au Pacte pour un enseignement d’excellence, un objectif de réduction de taux de décrochage d’ici 2030. Celui-ci est fixé décrétalement dans les objectifs d’amélioration du système scolaire. Cela souligne que la crise sanitaire a aggravé un problème qui en réalité était déjà bien ancré dans le monde de l’enseignement. Lors de l’élaboration du Pacte, l’approche choisie vise à renforcer la coordination des acteurs et dispositifs autour de trois axes. Un premier axe concerne la prévention lorsque les premiers signes apparaissent et que l’élève est encore présent dans l’école. Un deuxième axe, dit d’intervention, vise les situations où l’élève s’absente et que son éloignement de l’école nécessite d’autres types de prise en charge. Enfin, un troisième axe dit de compensation concerne les cas de décrochage avéré. L’avis n° 3 du Groupe central prévoit le renforcement de la collaboration et de la coordination des acteurs susmentionnés à travers le renforcement des cadres de coordination locale et zonale et en distinguant trois lignes permettant de clarifier le suivi et la prise en charge de l’élève. L’objectif est bien celui d’un meilleur accompagnement ou d’une meilleure prise en charge de tous les élèves en situation de décrochage scolaire. Les SAS sont des acteurs essentiels dans la lutte contre le décrochage. En combinant l’expertise des secteurs de l’enseignement et de l’aide à la jeunesse, ils ont vocation à apporter un soutien tout à fait spécifique aux élèves lorsque le décrochage est avéré. C’est pourquoi l’avis n° 3 du Groupe central confie un rôle important aux SAS en tant qu’acteurs de troisième ligne, c’est-àdire une fois que la situation d’absentéisme a atteint un seuil critique. Le SAS interviendra alors en vue de la réintégration réussie de l’élève à l’école. Ces derniers mois, à plusieurs reprises, mon équipe et moi-même avons eu l’occasion de rencontrer, d’échanger, de traiter plusieurs points avec des représentants des SAS et des collaborateurs de ma collègue Valérie Glatigny. Ces rencontres avaient pour but, tantôt d’aborder la situation générale et compliquée des SAS, tantôt de résoudre des problèmes concrets du quotidien liés à leur fonctionnement. Pour renforcer le rôle des SAS, il est essentiel de revoir leur organisation en lien avec les activités de prise en charge des élèves, le mode de collaboration avec les autres structures, le suivi des élèves qui sont passés par le SAS, les fonctions des membres du personnel ou encore le manque de places disponibles. Ces travaux du Pacte seront entrepris en collaboration avec ma collègue la ministre Glatigny. Au-delà du rôle-clé que jouent les SAS dans la lutte contre le décrochage et des travaux à mener pour renforcer ce rôle, la réforme visant à lutter de manière plus résolue contre le décrochage exige une concertation plus large avec la ministre et le secteur de l’aide à la jeunesse. C’est pour aborder ces sujets que je rencontrerai la ministre Glatigny prochainement afin de discuter de ( 29 ) CRIc No37-Educ.7 (2020-2021) plusieurs travaux du chantier du Pacte. Le chantier est composé d’une dizaine de projets parmi lesquels la création de cadres de coordination locale et zonale renforcée, l’implication des acteurs dans la lutte contre le décrochage ou encore le développement de l’axe dit d’intervention lorsque l’absentéisme s’accentue et que la collaboration d’acteurs de deuxième ligne, comme les équipes mobiles, devient nécessaire. L’organisation de la journée d’étude consacrée au décret du 21 novembre 2013, prévue à l’Université de Mons (UMONS), est prise en charge par le cabinet de la ministre Glatigny. Je vous invite donc à l’interroger à ce sujet. En ce qui concerne les actions à déployer pour ramener les élèves à l’école, la formule de l’école à domicile, même si elle peut devenir un mode d’enseignement choisi par des familles dans des circonstances spécifiques, est source d’interrogations majeures. Les relations sociales sont essentielles pour les jeunes et constituent un élément central dans leur développement. Les potentielles conséquences psychosociales fâcheuses de l’absence de relation avec ses pairs pour un élève en construction sont bien réelles. Les professionnels de la santé mentale l’ont exprimé à de nombreuses reprises. De plus, certains foyers ne disposent pas des conditions et outils nécessaires à la dispense d’un enseignement optimal à la maison. Il est nécessaire de développer la relation entre l’école et la famille dans l’objectif d’une meilleure information sur les conséquences de l’absentéisme, d’une meilleure prévention grâce à l’amélioration des procédures de signalement et d’une clarification du rôle des intervenants et de la communication avec les parents. C’est pourquoi nous devons, dans le cadre des travaux du Pacte, être particulièrement attentifs à développer cette dimension, et ce, de manière cohérente avec l’essentielle réforme des centres PMS et avec le chantier relatif au renforcement de l’enseignement maternel. La coopération de tous ces professionnels ainsi qu’une répartition bien définie des tâches, où le travail de chacun s’articule à celui des autres, sont indispensables. C’est la méthode la plus efficace pour remédier au décrochage scolaire et à l’absentéisme des élèves et pour aider ces derniers à se réengager dans le processus éducatif et pédagogique. Réplique de Mme Anne Laffut Madame la Ministre, je vous remercie pour ces éléments de réponse. La coordination de tous les acteurs est indispensable, que ce soit en matière de prévention, d’intervention ou de compensation. J’entends bien que les SAS interviendraient dans cette troisième ligne. Le taux de décrochage scolaire a fortement augmenté ces derniers mois. J’espère que les différents chantiers permettront d’atténuer ce phénomène. Je suivrai toutes les avancées avec attention. Il est urgent d’agir si nous ne voulons pas laisser de côté certains élèves dans les mois et les années qui viennent.


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